Une analyse des nouvelles bornes de réparation de vélo de la ville de Montréal

Par Christopher Lajoie Asselin, propriétaire de l’Atelier-Mobile Véli-Vélo,

Les trois nouvelles bornes en libre-service instaurées, il y une semaine déjà, sont une superbe initiative de la ville de Montréal. En tant que cycliste je veux que la ville continue sur cette voie qui encourage et facilite la pratique du vélo à Montréal. Par contre, avec les coûteux ratés de la voie cyclable sous le viaduc du boulevard Saint-Laurent et quelques autres erreurs de conception commises par le passé ailleurs en ville, je me suis permis de douter encore une fois de l’expertise de ville en matière de cyclisme.

Donc en tant que cycliste et mécano, j’ai mis à l’épreuve les nouvelles bornes. J’y ai travaillé sur mon vélo, j’ai aidé les gens à travailler sur leurs vélos et j’ai récolté leurs avis.

Voici ce que j’ai tiré de cette expérience. Je vous avertis dès lors, mes doutes se sont avérés réels et les problèmes soulevés dans les prochaines lignes auraient pu facilement être repérés par la ville et l’entreprise produisant les bornes si ceux-ci avaient fait appel à des gens du milieu (peut-être l’ont-ils fait) pour tester le produit avant de mettre la production en marche ou d’en faire l’achat du côté de la ville. Une courte recherche sur le web leur aurait aussi permis de voir ce qui se fait ailleurs. Ceci dit, puisque l’installation de bornes en libre-service n’est pour l’instant qu’un projet-pilote, il est encore temps de procéder aux corrections.

Les Bicibornes sont fabriquées à St-Hyacinthe et elles coûtent 1885,00 $ + taxes. Je tiens à féliciter la ville de Montréal d’encourager les entreprises québécoises.

Les pour:
– Le support fonctionne parfaitement pour tous les types de vélo
– La pompe à air et son embout universel semblent bien faire le travail. Les gens étaient plus que contents de cette offre.
– Le « look » est simple et épuré.

Les contre:
– L’absence d’une clé ouverte de 15mm. Cette taille de clé se trouve à être la plus commune pour les écrous de roue, utile lors d’une crevaison. Il s’agit aussi de la taille de clé nécessaire pour visser les pédales sur pratiquement tous les vélos. Bref, un manque majeur.

photo 3 borne vélo Montréal

– La clé à molette trop courte pour appliquer beaucoup de force et au bec trop large pour visser les pédales. Certains diront quand l’absence d’une clé 15mm, nous pouvons utiliser la clé à mollette. Certes, elle peut dépanner, mais quiconque a déjà travaillé avec cet outil sait qu’il n’est pas fait pour forcer. Elle risque fortement d’endommager les écrous surtout si vous devez appliquer beaucoup de force. Les écrous fixant les roues sont souvent bien serrés et/ou un peu figés dû au fait que les vélos sont exposés aux intempéries. La clé fournie ne s’élargit pas assez pour serrer ou desserrer le contre-écrou du jeu de direction sur les fourches filetées.

photo 6 photo 7

– Les clés hexagonales (Allen) fournies sont dépourvues de leurs points d’appui et elles deviennent quasi-inutilisables. Encore une fois, les vélos font face aux intempéries, par conséquent les vis et écrous rouillent et ils deviennent plus difficiles à tourner ou dans d’autres cas, ils ont été bien serrés par le passé. Sans appui pour forcer, impossible de les dévisser. Certaines vis, comme celle du collet retenant la tige de selle à la bonne hauteur, se doivent d’être bien serrées pour empêcher la selle de glisser à l’intérieur du cadre. Une autre action qui devient impossible à exécuter avec les outils fournis.

Photo 4 clés bornes vélo montréal

– Pendant les 5 premières minutes sur place, j’ai vu Marcel se fendre le front sur le point d’attache pour le tuyau d’air lorsque celui-ci s’exécutait à mettre de l’air dans ses pneus. Le cycliste suivant est passé à quelques centimètres de faire de même. SOLUTION: Lire le point suivant.

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– À propos du tuyau d’air, j’ai mis en comparaison à la photo de nos Bicibornes et ce qui se fait ailleurs. Les
autres compagnies ont eu l’idée de mettre la sortie d’air en haut de la borne et de laisser pendre le tuyau. Ainsi, les cyclistes utilisant la pompe n’ont pas à se soucier de remettre le tuyau en place, il revient de lui-même à l’emplacement original, évitant des situations où le tuyau traîne au sol et les risques de se faire endommager. De plus, on efface le besoin d’un point d’attache.

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SOLUTION: Installer le tuyau de manière à ce qu’il pendre du haut de la borne, ce qui annule le besoin d’un point d’attache.

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– Les câbles d’acier liant les outils à la borne sont un peu trop courts et ils s’entremêlent continuellement dû au fait qu’ils ont tous le même point d’attache. Certaines actions requièrent de tourner le vélo sur lui-même pour pouvoir accéder à certains endroits trop éloignés pour les outils en place.
SOLUTION: Pour les câbles, plusieurs points d’attache comme sur la photo, diminueraient les risques qu’ils s’entremêlent.

photo 2 borne vélo centre-ville

Pour finir, je vous invite à aller les essayer et juger par vous-même. Peut-être que vous verrez d’autres améliorations à apporter aux bornes ou que vous n’y verrez pas de problèmes dans ceux qui sont soulevés ici.

 

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