Les vêtements sont au coeur de la pratique cycliste pour le confort et la performance. Il y a des cuissards à 100$, à 300$, à 600$. Il y en a à la dernière mode, des moins tendances, des cuissards flashy et des sobres. Mais qu’est-ce qui fait vraiment la différence entre un bon et un mauvais cuissard?
Pour répondre à ces questions, j’ai invité Pierre Perron sur mon podcast, un passionné de vélo qui a roulé sa bosse sur la route et dans l’industrie. Après avoir passé chez Garneau et Castelli, il est maintenant à la tête de la marque québécoise Mill, avec laquelle il a conçu, testé, et surtout supervisé la fabrication de vêtements de vélo à toutes les échelles. Ce qui suit, c’est une plongée franche et sans détour dans les dessous de l’industrie textile cycliste.
Textile du cuissard : l’enveloppe d’un bon produit
« Le tissu, c’est 80% du cuissard, » nous dit Pierre. Depuis 10 ans, le textile a évolué à vitesse grand V : fibres plus légères, meilleures capacités de compression, élasticité plus durable, évacuation de l’humidité revue de fond en comble. « C’est fini les bibs en lycra cheap. »
Mais attention, la coupe et le patron est très important. Le meilleur tissu, mal utilisé, fera tout de même un mauvais produit. Tout repose sur le bon équilibre entre la qualité de la fibre, la quantité d’élasthanne, et le patronage.
Recherchez une coupe minimaliste avec un tissu qui soutient bien les muscles et là, on parle!
Construction, coupe et patron d’un cuissard : minimalisme, précision et confort
Un bon cuissard, c’est comme une deuxième peau. « Moins il y a de couture, mieux c’est. » Chez Mill, ils parlent de « body wrap » — des cuissards sans bandes en bas des cuisses, où le tissu lui-même fait le travail, sans gripper apparent. L’idée? Enlever tout ce qui peut frotter, déranger, se déformer ou s’user prématurément.
Même chose pour les bretelles : « Leur intégration, c’est un art. Elles doivent faire partie du cuissard, pas juste être cousues dessus. » Le but ultime : que tu oublies ce que tu portes.
La couleur : beauté vs performance
Le full dye, tissu teint dans la masse (plutôt qu’une couleur appliquée sur une sublimation : imprimer sur une fibre blanche) gagne du terrain. Le full dye offre moins de décoloration, une meilleure tenue dans le temps, surtout pour les couleurs vives. « Les gens veulent du style, et c’est correct. Mais le défi, c’est d’offrir un look sans sacrifier la performance. »
Sublimation (impression par transfert thermique) ou tissu teint à la base : le débat est plus complexe qu’il n’y paraît. Sublimé offre plus de versatilité pour les kits d’équipe, mais parfois moins compressif. Le teint et le look sont plus sobre.
Le chamois : souvent mal compris, pourtant crucial
« Avant, les selles étaient mauvaises. Aujourd’hui, elles sont anatomiques, bien pensées. Mais plusieurs marques utilisent encore des chamois surdimensionnés qui datent d’une autre époque. »
Pierre est catégorique : le chamois doit suivre l’évolution des selles. Moins de gel, plus de densité ciblée, meilleure ventilation. « Tu ne veux pas de coussin de divan, tu veux un appui là où il faut. » Chez Mill, ils testent chaque modèle avec différentes selles, différents types de morphologies, et… ils les roulent beaucoup leurs cuissards avant de les mettre en marché.

Prix des cuissards : il y en a des bons à 100$, mais…
Il n’y a pas de secret. La qualité coûte plus cher. « Mais un cuissard d’entrée de gamme peut être bon, s’il est bien adapté à l’utilisation qu’en fait le cycliste. Il ne faut pas snober quelqu’un qui débute. »
Un cycliste qui roule deux fois par mois n’a pas besoin d’un modèle à 400$. Par contre, dès que tu fais trois jours de bikepacking, ou que tu enchaînes les longues sorties, la qualité devient tangible pour le confort et la performance : moins de douleurs, meilleure récupération, plus de plaisir.
Derrière chaque produit, une histoire (et beaucoup de tests)
Mill, la nouvelle marque cofondée par notre invité du jour : Pierre Perron, et son collègue Marco (Marc-André) Daigle, a une approche ancrée dans l’usage réel, le feedback terrain et un amour sincère du sport. « Ce que je veux, c’est que quelqu’un roule avec notre cuissard et se dise : je n’ai jamais été aussi bien. »
Pierre résume son approche simplement : tester, itérer, simplifier. « Beaucoup de marques compliquent pour impressionner. Nous, on épure pour performer. »
Si vous êtes intéressé, Mill livre déjà du custom aux équipes, clubs, etc. et lancera bientôt sa collection sur millcycling.cc.





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